ALGER – Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a adressé mardi un message à la famille de la presse algérienne à l’occasion de la célébration de la journée mondiale de la liberté de la presse.
En voici la traduction APS:
« Mesdames, Messieurs ,
Je ne peux, en cette journée, m’adresser à vous sans m’incliner avec respect et considération à la mémoire des journalistes algériens qui tout au long de notre glorieuse Révolution ont lutté par leurs plumes, leurs voix et leurs reportages exaltant l’opiniâtreté et la détermination de notre peuple dans son combat pour l’indépendance à travers l’historique El Moudjahid, le journal El Moukawama et « Sawt El Djazair » (la voix de la révolution algérienne) depuis les Radios de Tunisie, d’Egypte et de Nadhor, au Maroc frère.
La contribution de ces voix, plumes et reportages à notre guerre pour l’indépendance a été un instrument primordial dans le soutien et la sympathie à notre cause nationale au-delà des frontière des pays frères et voisins qui nous ont soutenus par tous les moyens durant notre lutte.
De même que leurs prédécesseurs de la génération de la révolution, les journalistes, hommes et femmes, de l’Algérie indépendante méritent hommage et considération pour leur contribution à l’édification de notre Etat indépendant.
Dans l’Algérie d’aujourd’hui qui dispose de quelque deux cents journaux et plusieurs chaînes de télévision, nous ne devons guère oublier ce qui était attendu des professionnels des médias, peu nombreux, après le départ du colonisateur pour faire fonctionner la radio et la télévision et donner un élan à l’agence Algérie Presse Service.
Oui, nous ne devons pas oublier aujourd’hui ce qui était attendu des journalistes, hommes et femmes, comme efforts et sacrifices durant les premières années de l’indépendance, en matière de transmission de l’information et de mobilisation des volontés à travers notre vaste pays.
Une contribution, qui en dépit de peu de moyens matériels et humains, a eu un impact considérable dans la réussite de la reconstruction du pays sur tous les plans.
Mesdames, Messieurs,
En évoquant le parcours riche de nos médias, je tiens à me recueillir à la mémoire des martyrs du devoir national, plus de cent femmes et hommes journalistes victimes du terrorisme abject dont le seul tort a été d’accomplir leur mission. Une mission qui a permis de redonner espoir en la victoire de l’Algérie debout. Une mission qui a permis de démontrer au monde entier que le peuple algérien, en dépit de l’isolement quasi total dans lequel il faisait face aux affres de la tragédie nationale, était attaché à la sécurité et à la stabilité de son pays, à sa reconstruction et à son développement. Un peuple qui a pu panser ses blessures et réunir ses rangs, grâce à Dieu et en privilégiant la politique de la concorde civile et de la réconciliation nationale.
Aujourd’hui, l’Algérie est en droit d’être fière des étapes franchies en matière d’information et de liberté d’expression. Un parcours jalonné de sorties annuelles de promotions successives dans différentes spécialités médiatiques et de l’élaboration de textes consacrant la liberté d’expression et les droits des journalistes et des citoyens à une information professionnelle. La Constitution amendée et approuvée l’année dernière n’en n’est que la meilleure illustration outre l’amendement du code pénal à travers la dépénalisation du délit de presse.
Nul doute que la responsabilité de hisser le journalisme à des niveaux supérieurs de professionnalisme n’incombe pas à l’Etat seul, et partant, les établissements publics et privés supervisant directement le travail des journalistes doivent leur offrir un climat propice loin de toute pression et œuvrer au respect de toutes les lois régissant et régulant la profession tout en prenant en considération les observations et recommandations de l’Autorité de Régulation de l’Audio-Visuel et de l’Autorité de Régulation de la Presse Ecrite, après son installation. Deux instances sur lesquelles nous misons pour le suivi et l’accompagnement du discours médiatique afin de préserver le pays de toute instrumentalisation politique et partisane et de manière à ce que les composantes de l’identité du peuple algérien soient un legs socio-culturel commun à l’abri des luttes et différends politiques.
Aussi, nous n’avons de cesse privilégier un discours médiatique empreint de sérénité et de pondération notamment en cette période de l’histoire de notre pays où nous œuvrons à consolider davantage nos acquis démocratiques à travers le renouvellement de la composante de l’Assemblée Populaire Nationale et par la suite des assemblées populaires locales.
Les Algériens et Algériennes peuvent s’enorgueillir de la diversité du champ médiatique écrit, audio-visuel et électronique, qui nous permet, en dépit des critiques injustes émanant de voix tendancieuses à l’étranger, d’être à l’avant-garde de l’information et de la liberté de la presse dans notre environnement islamique, arabe et africain.
Cependant, le chemin que nous avons franchi en matière de liberté de presse, quand bien même nous en sommes fiers, ne doit pas nous détourner de la nécessité de poursuivre les efforts pour acquérir davantage d’expérience que seuls l’exercice et la connaissance incommensurable peuvent garantir.
Nos acquis exigent encore davantage de maturité et les conditions de travail de la corporation nécessitent davantage d’amélioration en termes de droits sociaux, consacrés par la loi.
Mesdames, Messieurs,
En cette journée, je me dois de m’adresser à la famille médiatique, témoin des changements politiques et mutations démocratiques qu’a connus l’Algérie et avertie des enjeux et menaces qui nous entourent et pèsent sur notre sécurité et notre stabilité pour l’exhorter à faire preuve de discernement et de vigilance dans sa contribution au processus de parachèvement de l’édification de l’Algérie moderne et la promotion de l’édifice démocratique à la lumière des valeurs, principes, droits et devoirs consacrés par la Constitution amendée. En effet, l’accompagnement médiatique neutre, objectif et intègre dont le leitmotiv est la conscience et le sens professionnels est à même de consolider l’action des institutions élues, pierre angulaire de tout processus démocratique, sain en ses objectifs et pratiques.
Le domaine des médias et de la communication est l’un des plus importants champ de concurrence et de velléités de domination et les efforts de l’Algérie pour promouvoir ses médias visent à s’affirmer au plan civilisationnel et politique dans un monde de globalisation impitoyable et à servir notre intérêt national.
Aussi, l’Etat algérien n’a eu de cesse d’œuvrer pour permettre à la presse d’accomplir un rôle central dans notre processus de développement et être active et réactive avec les différents programmes de développement, d’où l’impératif de poursuivre les efforts matériels et moraux pour promouvoir le rôle de la presse et lui permettre de contribuer au développement global du pays.
Le rôle des médias ne se limite pas à la diffusion de l’information mais va bien au-delà car ce sont eux qui façonnent l’opinion publique en toute responsabilité et dévouement et contribuent à la vulgarisation du civisme et de la citoyenneté.
La presse algérienne doit s’ouvrir davantage et se hisser pour être de plus en plus une presse citoyenne et contribuer à la mise en place d’un rempart face à toute menace visant le pays et le citoyen et à la préservation des acquis politiques et de l’édifice démocratique pour lequel l’Algérie a payé un lourd tribut en milliers de Chouhadas et de victimes.
Mesdames, Messieurs,
Totale est ma confiance en vous, femmes et hommes de la presse, à la différence de vos obédiences et orientations politiques quant à votre amour à la patrie et votre attachement à sa stabilité et à son développement car vous n’avez de patrie autre que l’Algérie et d’avenir prometteur hors de l’Algérie.
Politiquement, vous avez pleinement le droit d’être dans le rang de la majorité ou de l’opposition, un droit légitime explicitement consacré par la Constitution. Ce droit est le fruit de notre combat pour l’indépendance et notre effort pour bâtir une démocratie plurielle.
A la lumière de cette diversité d’opinions et d’idées qui est aussi la caractéristique des titres et sources d’information dans notre pays, je fais appel à votre nationalisme pour mettre vos compétences et votre professionnalisme au service d’une information utile à votre peuple et à votre pays.
Je vous exhorte d’être toujours conscients de votre rôle dans la préservation de la stabilité et l’unité de l’Algérie et de continuer à sensibiliser les citoyens aux dangers du terrorisme, aux crises qui nous entourent et aux manœuvres qui se trament contre notre pays.
De même que je vous exhorte à contribuer à la préservation de notre identité nationale islamique, arabe et amazighe. Cette identité nous devons tous œuvrer à la mettre à l’abri de toute tentative visant à la dénaturer ou à l’instrumentaliser contre votre patrie, l’Algérie unie et unifiée.
Je vous exhorte également, honorable famille de la presse, à enrichir le débat sur les enjeux économiques imposés par la mondialisation à tous les peuples. Une société consciente des réalités économiques et sociales du pays et au fait de celles prévalant dans le monde est une société qui peut se mobiliser en connaissance de cause pour œuvrer à l’édification et à la construction en vue d’être au diapason des sociétés développées.
En cette journée mémorable, journée mondiale de la liberté de la presse, je vous exhorte particulièrement au respect des principes, valeurs et règles de votre profession qui demeure, en dépit des difficultés, une profession noble de par son attachement à faire connaître la vérité et à la transmettre loyalement pour être, comme j’en suis convaincu, à la hauteur de la confiance de votre peuple.
En vous adressant les meilleurs vœux à l’occasion de votre journée mondiale, je félicite le peuple algérien pour sa presse qui aspire à davantage de professionnalisme et à être au service d’une Algérie dont elle fait la fierté parmi les nations.