BRUXELLES – Le ministre des Affaires maghrébines, de l’Union africaine (UA) et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel a exposé, mardi à Bruxelles, l’expérience de l’Algérie en matière de dé-radicalisation, affirmant que la lutte contre l’extrémisme violent et le terrorisme consiste à « priver leurs tenants et promoteurs de facteurs d’ancrage dans la société et dans son mode de fonctionnement politique et socioéconomique ».
Exposant l’expérience de l’Algérie en matière de dé-radicalisation et de lutte contre le terrorisme devant le comité politique et sécurité de l’Union européenne (UE), le ministre a souligné que la politique algérienne repose sur la lutte contre les facteurs de marginalisation et d’exclusion, la promotion de la justice sociale et de l’égalité des chances.
La politique de dé-radicalisation en Algérie repose également, a-t-il poursuivi, sur » la réconciliation nationale, la promotion de la démocratie, de l’Etat de droit, de la bonne gouvernance, des droits de l’homme et des libertés fondamentales, ainsi que l’indépendance de la justice ».
« La démocratie s’affirme comme le meilleur antidote à l’extrémisme violent et au terrorisme », a-t-il soutenu, relevant l’importance de la politique de réconciliation nationale qui, a-t-il dit, « sacralise la vie humaine et la place au-dessus de toute autre considération ».
Il a expliqué, à ce titre, que cette politique de réconciliation nationale repose sur les valeurs fondamentales de tolérance, de dialogue, du vivre ensemble, de l’acceptation mutuelle et du respect de la différence.
M. Messahel a mis en exergue, en outre l’importance de la justice sociale pour réduire les vulnérabilités ainsi que les marges d’exposition aux arguments développés et « fortement » exploités par les idéologues et les recruteurs des groupes extrémistes et terroristes.
« C’est dans cette voie que l’Algérie s’est engagée depuis l’accession de Abdelaziz Bouteflika à la magistrature suprême du pays en 1999. Et c’est grâce à cette politique que le pays a rapidement refermé, par des voies pacifiques et en partant de la conviction que la voie de la répression légale a nécessairement ses limites, les plaies de la décennie noire », a-t-il affirmé.
Détaillant les domaines couverts par la politique de dé-radicalisation mise en œuvre en Algérie, le ministre a fait savoir que les autorités algériennes ont décidé d’impliquer tous les secteurs: politique, socio-économique, culturel, cultuel, éducationnel et médiatique dans la guerre livrée au terrorisme.
Une politique de dé-radicalisation qui couvre tous les secteurs
Sur le plan politique, M. Messahel a cité la révision constitutionnel de 2016 qui a couronné de nombreuses réformes institutionnelles lancées les années précédentes et la consolidation de la démocratie à travers « l’élargissement des espaces démocratiques et le renforcement des fondements de l’Etat de droit, notamment l’extension des droits de l’opposition, des partis politiques et de la société civile dans la participation à la gestion des affaires publiques ».
Au plan économique, le gouvernement algérien a fait de la réduction du chômage son cheval de bataille pour « offrir aux jeunes des opportunités d’intégration à l’économie et les soustraire à la menace de l’influence des groupes terroristes », a-t-il rappelé, précisant que le taux de chômage en Algérie est passé de 29% en 1999 à 9,8% actuellement.
Le ministre a rappelé également la « réforme en profondeur » qu’a connue le secteur de l’éducation en 2008, et l’action de l’Etat sur le plan religieux, une action concentrée, a-t-il dit, sur « le rétablissement de la centralité du référent national religieux dans la vie religieuse de la Nation ».
Une action, a-t-il poursuivi, qui a porté essentiellement sur l’amélioration de la formation des imams, le recours aux mourchidates, le rétablissement de la mosquée dans son rôle traditionnel, la centralisation du discours religieux et de la fetwa et leur mise à l’abri des influences et manipulations extrémistes ou politiciennes.
Le ministre a cité, en outre, la création en cours d’une académie du Fiqh et d’un observatoire national de l’extrémisme violent, ainsi que d’une chaire de l’orientation religieuse et de l’imamat au niveau de l’université.
L’Algérie contribue également à la formation des imams des pays du Sahel et envoie des imams prêcher un islam modéré auprès de la communauté algérienne installée en France, dans le cadre d’un accord bilatéral avec ce pays, a-t-il ajouté, marquant la disposition de l’Algérie à « élargir cette expérience positive à d’autres pays intéressés par cette formule ».
D’autres actions destinées à encourager « l’exercice effective de la liberté d’expression » ont été menées par le gouvernement algérien, a rappelé le ministre qui a mis l’accent sur l’ouverture du champ audiovisuel au capital privé, dont le premier résultat positif, selon M. Messahel, a été de « détourner l’attention de l’écrasante majorité des jeunes algériens du discours extrémiste développé par certaines stations de télévision du Moyen Orient.
La politique de dé-radicalisation mise en œuvre en Algérie a été menée grâce à « la combinaison des efforts de l’Etat et de la société civile », a-t-il affirmé.
Source: L’expérience de l’Algérie en matière de lutte contre le terrorisme exposée à Bruxelles