L’EX-CHEF DU GOUVERNEMENT, MOKDAD SIFI, DÉCLARE : "Je ne veux pas être à la place de Sellal"

MOKDAD SIFI

MOKDAD SIFITout en épargnant Abdelmalek Sellal, M.Sifi n’a pas manqué d’épingler Ahmed Ouyahia, l’actuel directeur de cabinet de la présidence de la République.

L’ancien chef du gouvernement sous Liamine Zeroual (1994-1995), Mokdad Sifi, a déclaré hier, à Alger que «Abdelmalek Sellal hérite d’une situation économique et sociale catastrophiques suite à l’effondrement des prix des hydrocarbures et à la grande injustice contre les citoyens marquant la période allant de 1996 à ce jour».

Tout en épargnant Abdelmalek Sellal, M. Sifi n’a pas manqué d’épingler Ahmed Ouyahia, l’actuel directeur de cabinet de la présidence de la République. De très mauvaises décisions dont la fermeture de plus de 1300 entreprises publiques, et l’emprisonnement de plus de 6 200 cadres dirigeants…etc, ont été prises depuis 1996 à l’époque où Ouyahia était chef du gouvernement.

D’emblée, Sifi a entamé son intervention par une interrogation: où va l’Algérie? La réponse à cette interrogation, estime-t-il «réside dans la question elle-même, qui traduit l’angoisse et l’énorme incertitude des citoyens sur l’avenir du pays qui se dirige vers l’inconnu».

«L’inquiétude des Algériens est fondée et logique, qui se base sur de grandes probabilités qui s’imposent, si les autorités persistent dans leur immobilisme et n’admettent pas de mettre en place une nouvelle feuille de route pour redresser la situation», dit-il. «Si d’aventure on n’apporte pas des solutions adéquates à la situation actuelle, on ira loin dans la catastrophe et le pire est à venir», indique l’ex-ministre de l’Equipement sous le gouvernement de Reda Malek.

«Est-ce que la situation économique, sociale, sécuritaire d’aujourd’hui est similaire à celle prévalant durant les années 1990? Et qui sont les enseignements ou les leçons tirés du combat engagé à cette époque pour permettre à l’ Algérie de rester debout?», sont en somme des questions posées par l’ex-candidat à la présidentielle de 1999, avant de se retirer de la course avec les autres candidats.

De même, le conférencier s’est demandé si l’Algérie est prête à affronter un autre choc pétrolier qui se profile à l’horizon. En fait, dit-il «autant que la situation à laquelle on est parvenu durant les années 1990, la situation actuelle est le résultat de la très mauvaise gouvernance, des mesures criminelles des gouvernants depuis 1996». Mais la comparaison entre les deux situations s’arrête à ce niveau, indique-t-il.

«En 1994, les institutions étaient quasiinexistantes: il n’ y avait ni la présidence de la République, ni l’ APN ni aucune autre assemblée élue (APW, APC) encore moins des moyens financiers.

Le service de la dette qui était de l’ordre de 9 milliards de dollars dépassait les revenus extérieurs qui furent de 8 milliards de dollars; sur le plan de la coopération internationale, l’Algérie a été isolée, y compris par les pays arabes», a-t-il souligné. Pour couronner le tout, «les services de sécurité et les corps constitués n’étaient ni formés ni organisés et ne disposaient pas de moyens humains, matériels et l’expertise suffisante», souligne-t-il.

Or, poursuit-il, «aujourd’hui, il ne reste de la manne pétrolière record et incroyable (750 milliards de dollars de 1999 à 2014), que 160 milliards de dollars, tandis que 48 autres ont été dilapidés, on n’a plus de dette extérieure, nos services de sécurité sont mieux équipés et formés, la coopération internationale existe». «Néanmoins, l’Algérie est soutenue actuellement sur le plan sécuritaire», estime-t-il pour dire que l’ Algérie dispose de suffisamment de moyens, mais…

En 1994 et 1995, après un travail de longue haleine, on a pu mobiliser le peuple et réhabiliter la confiance entre les citoyens et les gouvernants, toutes les catégories sociales, parmi les travailleurs, les enseignants et les journalistes qui ont payé un lourd tribut, étaient à l’avant-garde de la lutte pour la sauvegarde de l’ Algérie». Pour preuve, il cite une participation massive à l’élection présidentielle de 1995. Aujourd’hui, malheureusement, sur le plan démographique, la population est passée de 29 millions en 1994 à 39 millions en 2015,dont 50% sont âgés de moins de 30 ans et n’ont pas vécu la tragédie nationale. Cette catégorie de population est désillusionnée et totalement démotivée et affiche sa déception des gouvernants. Pour eux, fait-il savoir, «la gouvernance est synonyme de corruption et le gaspillage, étouffement des libertés et la hogra».

A mon avis, dit-il, «ils sont les premières victimes collatérales du régime actuel. Ils sont souvent bercés entre le crédits Ansej, la possibilité d’acquérir un logement Aadl et la quête d’un visa Schengen». Ils passent, indique-t-il «d’une déception à une autre et sont dans l’incertitude totale quant à l’avenir du pays».

En définitive, résume-t-il «le nombre de ceux qui ont perdu confiance et en proie au réel défaitisme et en sans aucune certitude sur l’avenir immédiat et à moyen terme du pays, est de loin plus important en 2015 par rapport à 1994». Ceux-là, affirme-t-il, «n’accepteront aucune austérité qui sera décrétée après une décennie de distribution flagrante de la rente pétrolière».

«Malgré l’existence de moyens suffisants, les gouvernants actuels n’ont pas les capacités de faire face à un choc économique et social de cette ampleur, comparativement à ceux des années 1990», a-t-il encore estimé. La chose la plus importante en cette situation difficile est le peuple à qui on doit rendre la confiance en ses dirigeants et le mobiliser. Dans sa conception d’une solution de sortie de crise, M Sifi dira que le gouvernement doit faire son mea-culpa pour mobiliser les cadres et le peuple. Toutefois, au yeux de Sifi, celui qui sème la hogra recueillera la violence», est l’adage qui sied bien aux gouvernants actuels. D’après M.Sifi, «après le décès de l’ancien président, Houari Boumediene,

l’Algérie n’a plus de projet de société, les gouvernements successifs jusqu’ à aujourd’hui ont eu recours aux slogans». «Il nous faut amorcer un nouveau pacte social après celui des années 1990. Et sans doute l’une des leçons principales qu’il faut tirer de cette époque est de rétablir la confiance entre le peuple et les gouvernants et lui proposer le projet le concernant.

En tout état de cause, le gouvernement actuel doit se débarrasser de sa réputation d’injustice contre le peuple qui lui colle depuis toujours», a-t-il conclu. Par ailleurs, Mokdad Sifi qui s’inscrit en porte-à-faux contre la Charte de la paix et de la réconciliation nationale, déplore l’absence de l’ Etat face à l’activisme politique de l’ancien émir de l’AIS. Enfin, pour l’ex-chef du gouvernement, l’élection présidentielle anticipée pourra constituer une solution à la crise actuelle.

Interrogé sur le duel supposé entre le département des renseignements et la présidence de la République, il dira qu’ «en 1994 et 1995, il n’y avait pas ce genre de télescopage».

Source: L’EX-CHEF DU GOUVERNEMENT, MOKDAD SIFI, DÉCLARE : « Je ne veux pas être à la place de Sellal »

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