ALGER- La célébration de la Fête internationale du travail intervient cette année en Algérie dans un contexte marqué par la persistance des mouvements de grève notamment dans le secteur de la santé au moment où la culture du dialogue et de la concertation, défendue par les pouvoirs publics, fait défaut dans la réalité.
Face à ces manifestations syndicales touchant plusieurs activités, les autorités peinent globalement à circonscrire les conflits posés qui tendent à s’inscrire dans la durée vu, principalement, l’absence de la culture du dialogue, à laquelle s’est greffée récemment la problématique de la représentativité des organisations syndicales, lesquelles ne cessent de réclamer un élargissement de leur droit à l’activité syndicale officiellement « centrée » autour de l’UGTA.
Elles sont à cet effet plusieurs parties, entre formations politiques et acteurs associatifs, à réclamer d’accorder un rôle de partenaire à ces organisations syndicales qui se sont affirmées par leur capacité de mobilisation au sein du monde de travail. Des voix, notamment des partis politiques, réclament même l’intégration des ces organisations syndicales dans la Tripartie qui réunit le Gouvernement, les organisations patronales et l’UGTA, et qui est considérée comme le cadre « idéal » du dialogue social
pour régler les problèmes économiques et sociaux, à l’instar des conflits socio-professionnels.
Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, avait mis en évidence, à l’occasion de la dernière célébration de la Fête internationale des travailleurs, les vertus du dialogue social tout en saluant les sacrifices des travailleurs algériens dans les différentes étapes traversées par le pays.
Le président Bouteflika avait alors écrit, que « confrontés à la crise économique qui a frappé le pays dans les années 1990 du fait de la chute des prix des hydrocarbures, les travailleurs, le patronat et le gouvernement ont solidairement fait face à cette situation difficile, par la voie du dialogue, de la concertation et de la négociation au sein de la Tripartite qui est un modèle salué mondialement par l’Organisation Internationale du Travail ».
Pour M. Bouteflika, « le système des conventions de branches, les évolutions du salaire minimum garanti (SNMG), la révision du statut général de la Fonction publique ainsi que sa grille salariale, les avancées enregistrées par la médecine du travail, et tant d’autres progrès survenus au bénéfice de nos travailleurs et de nos retraités, sont de surcroît les fruits du dialogue et de la concertation dans le cadre de la Tripartite… ».
Le Gouvernement, de son côté, réitère son approche dans laquelle le dialogue et la concertation sociale demeurent l`espace privilégié pour examiner les questions d`ordre économique et social avec les partenaires économiques et sociaux les plus représentatifs à l`échelle nationale.
D’un autre côté, le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, Mourad Zemali a souligné récemment que le nouveau projet de code du travail qui comprend 670 articles « vient renforcer les droits des travailleurs et consacrer les libertés syndicales, tel que stipulé par la Constitution ».
Estimant que ce projet de code du travail met l’accent sur « le consensus entre les différentes parties, y compris les partenaires sociaux, et ce dans le cadre de la démarche du dialogue social », le ministre a rappelé, s’agissant de l’action syndicale, l’existence de « 65 syndicats des travailleurs et 36 autres des patronats inscrites au niveau du ministère du Travail », considérant que « la plupart des conflits enregistrés sont dus à la non maîtrise de la loi ».
De son côté, l’UGTA, partenaire du Gouvernement, et pour faire face aux mouvements de protestation sociale à travers lesquels sont formulées diverses revendications socioprofessionnelles, ne cesse d’évoquer les vertus du dialogue et de la concertation.
Son secrétaire général, Abdelmadjid Sidi Said, rappelle dans ce sens, que l’UGTA a adopté une philosophie de dialogue et de concertation, soulignant que la lutte syndicale à laquelle appelle la centrale syndicale est basée sur la confiance entre le patronat et l’Etat, ce qui permet de réaliser des acquis pour les travailleurs.
Sidi Said ne cesse également d’exhorter les syndicalistes et autres représentants des travailleurs à éviter toute position « radicale » dans la résolution des problèmes des travailleurs, estimant que l`Algérie avait pu, à travers le dialogue, engager un « processus de stabilité social, synonyme de paix ».
Se félicitant de l`expérience algérienne en matière de dialogue et de protection sociales, le même responsable soutient que l`Algérie avait entamé depuis 1990, un processus « d`entente et de cordialité » entre le gouvernement, le patronat et l`UGTA, autour des questions économiques et sociales, relevant cependant l’existence de certaines difficultés pour la mise en place de ce processus de dialogue.
Source: Monde du travail: l’absence de la culture du dialogue fait durer les conflits sociaux