BRAHIM GUENDOUZI, ÉCONOMISTE ET PROFESSEUR À L’UNIVERSITÉ DE TIZI OUZOU : "Notre pays peut tirer profit de cette crise"

notre pays peut tirer profit de cette crise

notre pays peut tirer profit de cette criseAnalysant la dégringolade que subit l’économie chinoise depuis quelques jours et son impact sur l’économie algérienne, Brahim Guendouzi, spécialiste en économie internationale, considère que l’Algérie, mono-exportatrice, assistera impuissante à la chute des prix des hydrocarbures.

L’Expression: Une grande dépression frappe l’économie chinoise et commence à semer la panique sur les places financières mondiales. Quel peut être son impact sur l’Algérie?

Brahim Guendouzi: La Chine populaire est l’un des moteurs de l’économie mondiale. C’est la seconde économie au monde et en tant que telle, elle pèse sur les marchés financiers et sur ceux des matières premières. Elle est classée premier exportateur et second importateur au niveau mondial. Elle connaît actuellement un fort ralentissement de sa production industrielle et la situation de son commerce extérieur continue de se dégrader.

Pour tenter de relancer ses activités de production et d’exportation de biens manufacturiers, la Banque centrale de Chine a choisi de manier le taux de change. Pour ce faire, elle a procédé à une dévaluation d’environ 3,5% en deux jours de la valeur de sa monnaie, le yuan, face au dollar US. Ceci a créé la panique sur les marchés internationaux.

Il s’avère que les matières premières et surtout le pétrole brut, sont fortement dépendants de la Chine dès lors que c’est un grand acheteur. Le marché pétrolier déjà déprimé en raison d’un excédent de l’offre et le retour de l’Iran sur le marché, la décision de la Banque centrale de Chine a contribué à son tour à la chute des cours du pétrole brut qui avoisine ces jours-ci les 43 dollars.

L’Algérie étant le maillon faible dans l’Opep car fortement dépendante des exportations d’hydrocarbures, assiste de façon impuissante à la baisse de près de 60% de ses revenus extérieurs.

La Chine est le premier partenaire commercial de l’Algérie. Comment vont évoluer les relations algéro-chinoises à l’aune de cette crise?

L’économie chinoise est dans une position contraire de celle de l’économie algérienne. La première étant largement diversifiée alors que la seconde est mono-exportatrice. Logiquement, dans la conjoncture actuelle, l’Algérie fait tout pour diminuer ses importations. Cependant, compte tenu de la faiblesse des prix chinois à l’exportation en raison des dévaluations effectuées ces derniers jours, certains importateurs algériens tenteront évidemment d’en tirer profit.

L’Algérie, présentant nombre d’atouts macro-économiques (désendettée, infrastructures de base, accès à l’énergie, etc.) peut-elle mettre à profit cette situation et attirer les investisseurs chinois ainsi que les investisseurs étrangers aujourd’hui présents sur le sol de l’Empire du Milieu?

Malgré quelques atouts que l’on reconnaît à l’économie algérienne, les investissements directs étrangers ne viennent pas en masse, du fait de l’existence d’autres freins de différentes natures que malheureusement les pouvoirs publics ne veulent pas ou n’arrivent pas à enrayer (bureaucratie, secteur informel omniprésent, fuite de capitaux vers l’étranger, etc.). Malgré cela, la Chine est très présente sur le marché algérien particulièrement dans les services et le BTP.

Le ministre du Commerce fait de la question de l’adhésion de l’Algérie à l’OMC une priorité. Pensez-vous que c’est judicieux dans la conjoncture actuelle?

Dans la conjoncture actuelle, il faudra justement inverser la tendance en permettant à un grand nombre d’entreprises algériennes (publiques et privées) de participer à des manifestations commerciales à l’étranger pour se faire connaître tout d’abord, mais aussi pour s’assurer un apprentissage dans le métier de l’exportation. La diversification économique devient alors un axe de développement stratégique.

L’adhésion de l’Algérie à l’OMC est à ce titre incontournable, n’étant pas membre, le pays ne peut bénéficier de la fameuse clause de la nation la plus favorisée (NPF) en vigueur entre les pays membres de cette organisation. Ceci a pour conséquence de pénaliser les produits algériens sur les marchés extérieurs, en termes de droits de douane et autres mesures non tarifaires de protection commerciale. L’Algérie ne peut rester indéfiniment en dehors du système commercial multilatéral représenté par l’OMC.

Source: BRAHIM GUENDOUZI, ÉCONOMISTE ET PROFESSEUR À L’UNIVERSITÉ DE TIZI OUZOU : « Notre pays peut tirer profit de cette crise »

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