Adaptée par le compositeur suisse Michel Runtz, c’est la première fois qu’une “œuvre algérienne accède à un palier aussi prestigieux qu’est l’adaptation à l’opéra. Hormis de rares classiques”. Un beau projet qui a besoin de financement pour voir le jour.
Cousine K, de Yasmina Khadra, vient d’être adapté à l’opéra. C’est un évènement historique car c’est la première fois qu’”une œuvre algérienne accède à un palier aussi prestigieux qu’est l’adaptation à l’opéra. Hormis de rares classiques, rares sont les œuvres littéraires, dans le monde, à être adaptées à l’opéra”, confie l’écrivain à Liberté. Nous sommes en 2005, Yasmina Khadra assiste à un concert du musicien suisse Michel Runtz à Marrakech. “Sa musique correspondait à la pénombre que j’ai donnée à mon texte.
À cette époque un producteur voulait adapter ce roman au cinéma. J’ai pensé alors, que si ce projet aboutissait, je proposerai à Michel de composer la musique du film”, se remémore l’auteur de L’Attentat. Suite à cette rencontre, l’écrivain et le musicien se sont perdus de vue. “Quelques années plus tard, nous nous sommes retrouvés à Paris. Nous avons discuté de Cousine K et de musique, et l’idée de créer cet opéra a germé dans son esprit”, explique-t-il. Motivé et enthousiaste à cette idée, Michel Runtz s’est attelé à la composition de cet opéra. “Après plus de dix ans de travail, de renoncement, de doute puis de persévérance et malgré le peu de soutien financier qu’il espérait avoir, sans succès, lors de ses pérégrinations en Chine et au Moyen-Orient, Michel Runtz vient de porter les toutes dernières retouches à sa création artistique.”
En effet, le compositeur n’a pas abandonné et a résisté pour voir son projet — ou son fantasme – aboutir. D’ailleurs, il a rencontré le chef d’orchestre Amine Kouider, qui s’est proposé d’introduire les instruments algériens dans le spectacle. “L’opéra est fin prêt.
J’espère que l’Algérie prendra conscience de cet immense exploit et qu’elle s’investira financièrement pour que l’énorme travail de Michel Runtz atteigne les feux de la rampe afin que le talent algérien entre dans la légende”, espère Yasmina Khadra.
En effet, ce projet, le premier du genre, marque un grand tournant dans la culture algérienne et représente un “investissement” de taille pour l’export de notre patrimoine à l’international. “C’est historique, un roman adapté à l’opéra, je n’en connais pas à part les classiques, pour une fois qu’une œuvre algérienne est adaptée à l’opéra ; il faudrait qu’elle soit soutenue et portée”, insiste l’auteur des Sirènes de Bagdad.
Et ce dernier de lancer un appel pour la concrétisation de ce spectacle, notamment pour l’obtention d’un financement, pour la constitution d’une chorale et de l’orchestre philarmonique, afin de lui donner “une dimension internationale”. “Je ne voulais solliciter personne en France ! J’ai pensé que l’Algérie serait fière de porter un tel spectacle…” “L’Opéra d’Alger pourrait intervenir, ou alors d’autres institutions qui œuvrent dans la promotion de la culture algérienne.
La culture est le pilier de la nation”, insiste-t-il. Vœu légitime de Yasmina Khadra : voir cette adaptation d’un roman algérien portée par son pays. D’ailleurs, il serait dramatique que des mécènes ou autres organismes étrangers le financent et lui donnent vie !
Source: “J’appelle l’Algérie à porter ce projet”