Revendiquée par le gouvernement algérien, la révision de l’Accord d’association Algérie-UE est urgente. «L’Europe a intérêt à ce qu’il profite à l’Algérie», appuie Mustapha Mékidèche, expert.
La chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, se rendra à Alger le 17 septembre prochain pour une visite d’une journée. Dans son agenda figure la signature des accords de financement portant sur la justice, les médias et le secteur de l’emploi. Mais aussi et surtout la lancinante question de l’Accord d’association que la partie algérienne a jugé «déséquilibré et finalement pas très bénéfique pour l’économie algérienne».
En effet, lors de la IXe session du Conseil d’association Algérie-Union européenne.., le chef de la diplomatie algérienne a indiqué qu’une évaluation de l’Accord d’association s’impose. «Dans ce partenariat, l’Algérie a donné plus qu’elle n’a reçu», a déclaré le ministre lors d’une conférence de presse, animée à l’issue de la rencontre.
«Nous pouvons faire des adaptations dans la mise en oeuvre de ce document de telle sorte que les intérêts de l’Algérie soient pris en charge», a-t-il expliqué. De plus, a ajouté Ramtane Lamamra, «il est clair que nous n’avons pas eu l’accès que nous souhaitions au marché européen.
Il y a des barrières tarifaires et d’autres non tarifaires. Des écueils bureaucratiques et autres obstacles ont fait que nos producteurs publics et privés n’ont pas pu réaliser le potentiel en matière d’exportation vers l’Europe» avant d’asséner: «L’accord n’a pas eu l’effet escompté, celui de promouvoir les exportations hors hydrocarbures et d’attirer les investissements directs étrangers (IDE), qui constituent pour l’Algérie deux objectifs motivant la signature de tout accord de libre-échange»…
Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a, lui aussi, évoqué l’opportunité d’une révision de l’Accord d’association avec l’Union européenne et faire en sorte qu’il «profite» à l’Algérie.
Le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, et le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, aborderont avec la représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, Federica Mogherini feront une «évaluation critique de l’Accord d’association en vigueur depuis septembre 2005». Mais la question qui se pose le plus du côté algérien, c’est surtout celle relative à la révision de l’accord qui, de l’avis aussi bien du gouvernement, du patronat que de certains experts, s’impose magistralement.
Alors, ira-t-on vers une révision de l’Accord d’association Algérie-UE que d’aucuns en revendiquent carrément l’abolition? Si oui, quels sont les aspects qui sont touchés, de sorte qu’il profite à l’Algérie? Interrogé sur ce point, Mustapha Mékidèche, vice-président du Cnes et économiste, considère qu’ «il existe un vrai déséquilibre dans l’accord» et qu’il est urgent de le corriger. «Il y a une asymétrie dans l’Accord d’association avec l’UE.
Et pour qu’il fonctionne correctement, il va falloir le corriger. En dehors des déclarations de principe, toutes les clauses qui devaient profiter à l’Algérie n’ont pas fonctionné. Le programme Meda, par exemple, qui devait remettre à niveau les entreprises algérienne, n’a rien donné. Les entreprises algériennes publiques et privées, y compris Sonatrach, ont du mal à placer leurs engrais dans le marché européen. L’Algérie a perdu des marchés du gaz en Europe.
Il y a un rééquilibrage à trouver» a-t-il expliqué. De plus, a ajouté Mustapha Mékidèche, «en plus du fait que la situation géopolitique et géoéconomique est favorable, l’Europe a intérêt à ce que l’Accord d’association Algérie-UE soit rééquilibré et profite à l’Algérie, car l’Algérie joue un rôle de stabilisateur à l’échelle régionale et continentale, notamment en matière de lutte contre le terrorisme et la gestion de l’immigration clandestine, et, à ce titre, elle doit être politiquement stable et socialement et économiquement forte».
Par ailleurs, questionné sur l’opportunité de l’abrogation dudit accord, le vice-président du Cnes considère que «ce n’est pas une bonne chose». «L’abrogation peut se faire, mais ce n’est pas une bonne chose.
Plus on retarde notre adhésion à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), plus on devient otage de l’Union européenne. Je pense qu’il convient plutôt de chercher un équilibre en révisant toutes les clauses nécessaires» a-t-il indiqué.
Et pour argumenter ses propos, Mustapha Mekidèche a fait savoir que l’Algérie effectue les deux tiers de ses échanges avec l’Union européenne «et que, en vertu de sa proximité avec l’Europe, l’Algérie peut attirer les investisseurs étrangers installés dans le Vieux Continent.
En gros, M. Mékidèche appuie la démarche du gouvernement et essaie d’attirer l’attention des Européens quant à l’importance de mettre en place un système de coopération équitable et profitable aux deux parties. Y a-t-il d’autres Mékidèche de l’autre côté de la Méditerranée?
Source: ACCORD D’ASSOCIATION ALGÉRIE-UE : Le nécessaire rééquilibrage