ALGER – L’ancien Premier ministre français Dominique de Villepin a plaidé, mardi à Alger, pour la création d’une institution commune entre l’Algérie et la France pour recueillir les témoignages sur la période coloniale.
Lors d’une conférence intitulée: « Réconcilier les silences : Donner sa parole pour la paix », M. de Villepin a plaidé pour la création d’une institution commune pour accueillir « les témoignages d’une génération qui est en train de disparaitre et d’emporter avec elle une partie vivante de cette mémoire collective » que partagent Algériens et Français de l’époque de la colonisation française de l’Algérie.
« Il y a que la parole qui guérit et qui ouvre la voie au pardon.
Réconcilier les silences c’est aller au bout de ce qu’il y à se dire, agir ensemble en donnant, tout d’abord, la parole aux témoins et ainsi à l’histoire. Nous avons besoin de parole claire, forte et qui a un sens », a-t-il ajouté.
« La France et l’Algérie entretiennent des rapports complexes et passionnels faits de déchirements, de rapprochements et de silences et nous commençons tout juste à sortir de cette logique d’enfermement après près de 6 décennie après l’indépendance », a noté M. de Villepin.
« La réconciliation entre les peuples, entre Algériens et Français notamment, passe aussi », a estimé de Villepin, « par un dialogue sincère ».
« L’heure est à l’apaisement, à la reconnaissance des crimes commis durant la période coloniale, comme l’avait fait récemment le président Emmanuel Macron, et avant lui son prédécesseur François Hollande, en offrant une reconnaissance publique nécessaire aux victimes du 17 octobre 1961 et à celles du 8 mai 1945 ».
« Dans cet même esprit d’apaisement, l’histoire est là pour nous épauler dans ce processus de réconciliation », a soutenu M. de Villepin, saluant « une justice des archives » qui tend actuellement à se rétablir entre les deux pays (Algérie/France).
Dominique de Villepin, effectue une visite en Algérie du 26 au 28 mars 2018 à l’invitation de l’ambassadeur de France en Algérie.
Homme de lettres, ministre des Affaires étrangères engagé, Dominique de Villepin propose une réflexion profonde sur l’état du monde d’aujourd’hui dans son dernier ouvrage intitulé Mémoire de Paix pour Temps de Guerre (Grasset, 2016). Il y partage son expérience, ses convictions et sa vision
pour un monde apaisé : Le moment est venu de s’atteler au travail de la paix, d’ouvrir les yeux sur les blessures du monde et de nous doter des outils pour construire un nouvel ordre, stable et juste ».
de Villepin profitera de son déplacement en Algérie pour rencontrer des représentants des institutions algériennes et des personnalités de la vie économique et culturelle du pays.
La conférence de M. de Villepin s’est tenue en un lieu emblématique de la coopération franco-algérienne : l’Ecole Supérieure Algérienne des Affaires (ESAA). Née de la volonté politique et de la vision de deux présidents, Abdelaziz Bouteflika et Jacques Chirac, cette école de gestion et de management du plus haut niveau possible, est devenue la référence, non seulement en Afrique du Nord, mais au niveau continental.