Il suffit de quelques gouttes de pluie pour que nos routes deviennent un mouroir à ciel ouvert à cause de leur état lamentable et du manque d’entretien…
Le ciel est tombé sur la tête des Constantinois! Lundi dernier, la ville des Ponts suspendus a subi des précipitations exceptionnelles. Ce qui a provoqué de graves inondations qui ont coûté la vie à trois personnes. En l’espace de quelques heures, Constantine et sa banlieue se sont retrouvées sous les eaux.
Un véritable décor chaotique était perceptible! Routes barrées, inondations, dégâts matériels en tous genres, bâtisses effondrées, trémies inondées, citoyens forcés de passer la nuit sur les routes,…En fait, cette situation n’est pas aussi inhabituelle que cela. Ce qui s’est passé à Constantine, aurait bien pu avoir lieu dans n’importe quelle autre ville du pays. D’ailleurs, c’est le «remake» d’un scénario classique auquel on a droit à chaque fin d’été, seule l’ampleur des dégâts différe selon le déchaînement de la nature.
Certes, les inondations arrivent partout dans le monde, et rien ne peut stopper la colère de Dame nature. Mais il y a des mesures à prendre afin d’atténuer l’ampleur des dégâts. Tout le monde s’accorde à dire que les intempéries de l’Est ne sont pas du genre à plonger toute une région dans le chaos. Ce sont donc les pouvoirs publics qui sont montrés du doigt. Il faut dire qu’à chaque goutte de pluie les routes et les artères de nos villes se transforment en lagunes de Venise.
Même la capitale, censée être la vitrine du pays, n’échappe pas à cette triste réalité. A chaque début de la saison des pluies, en l’espace de quelques heures, les routes et les artères d’Alger et de sa banlieue sont sous la «gadoue». La nature met donc à nu l’incurie des responsables locaux. Car, il faut dire que la plupart du temps c’est l’obstruction des avaloirs et l’état des chaussées qui sont les causes principales de ces inondations.
Et quand vous n’êtes pas tué par ces avaloirs, c’est la chaussée qui devient une patinoire qui vous emporte, du fait qu’elle n’est pas nettoyée et la poussière mélangée à de l’eau devient plus glissante que de l’huile.
Il y a vraiment un problème d’entretien de nos villes et villages. Les ordures et les détritus qui ont été traînés par la pluie et qui couvraient nos rues et trottoirs après chaque intempérie sont la preuve de ce «crime». La négligence a effectivement tendance à devenir une culture chez les responsables des collectivités locales, occupés à «collecter», reléguant le désengorgement des avaloirs au second plan de leurs préoccupations!
Pourtant, les services météorologiques les mettent en garde en diffusant des bulletins météo spéciaux. Mais les autorités ne prennent jamais leurs précautions. Prises de court, elles ne débouchent ces avaloirs qu’après les dégâts, après que les routes soient inondées et la circulation bloquée.
Préférant faire ressortir la «gestuelle» à laquelle les citoyens sont habitués, celle de voir les employés communaux presser le pas sous la pluie pour déboucher les collecteurs. Spécialistes et citoyens ne cessent de le répéter: «Ce travail aurait dû être fait bien avant l’arrivée des pluies!».
Les mêmes dysfonctionnements sont mis au grand jour à chaque intempérie, mais les autorités continuent dans leur politique du bricolage. Et pourtant, ce ne sont pas les leçons de Dame nature qui manquent. Les inondations de Bab El Oued en 2001 sont le parfait exemple de ces leçons. Cette catastrophe a fait plus de 1000 morts.
Mais 14 ans après, aucun enseignement ne semble avoir été tiré de ce drame. L’évaluation de l’importance d’un bulletin météorologique n’a pas encore été saisie par les autorités. Tout comme le fait de nettoyer les voiries et entretenir les avaloirs! Les intempéries de l’Est nous laissent donc craindre le pire durant l’hiver prochain qui s’annonce très rude…