PARIS – La Grande Mosquée de Paris a dénoncé lundi le procès « injuste et délirant » d’antisémitisme fait aux musulmans de France à travers un manifeste publié par la presse et signé par 300 personnes.
Le texte, qui s’insurge de la flambée d’un « nouvel antisémitisme » où il est question, en France, « d’épuration ethnique » des juifs et « d’obsolescence » de versets du Coran, est signé par des personnalités, comme entre autres Nicolas Sarkozy, Manuel Valls, Bertrand Delanoë, Charles Aznavour, Gérard Depardieu, Bernard-Henri Lévy, Alain Finkielkraut, etc.
Pour la Grande Mosquée de Paris « le procès injuste et délirant d’antisémitisme fait aux citoyens français de confession musulmane et à l’islam de France à travers cette tribune présente le risque patent de dresser les communautés religieuses entre elles dans une hystérie qui défie la réalité sociale et politique », appelant « à la raison, au civisme et à la fraternité pour éviter de tomber dans ce piège ».
Elle souligne, dans un communiqué, que les citoyens français de confession musulmane « majoritairement » attachés aux valeurs républicaines « n’ont pas attendu la tribune ( ) pour dénoncer et combattre depuis des décennies l’antisémitisme et le racisme antimusulman sous toutes ses formes », rappelant qu' »aucun croyant ne peut ni ne doit, dans une lecture non contextuelle, s’appuyer sur le Saint-Coran pour commettre un crime ».
« La Grande Mosquée de Paris en appelle à la raison, au civisme et à la fraternité pour éviter de tomber dans ce piège, et rappelle la récente rencontre à la Grande Mosquée de Paris, le 11 avril dernier, entre imams et rabbins en présence du Grand Rabbin de France, M. Haïm Korsia et du Rabbin Michel Serfaty, co-président des Amitiés judéo-musulmanes de France (AJMF) », précise le communiqué, relevant que cette rencontre est « une des démonstrations de la forte convergence de vues et d’actions pour unir nos efforts afin d’améliorer la qualité des relations entre juifs et musulmans de France face aux extrémismes ».
Dans la presse de lundi, certains éditorialistes ont jugé le manifeste de « caricaritural » qui « ajoute de l’huile sur le feu », alors que les débats se sont enflammés.
L’auteur et militant associatif français, Marwan Muhammad, a qualifié dans son blog que ce texte « une bien coupable culmination ».
« Il n’y a pas ‘d’antisémitisme musulman’, tout comme il n’y a pas ‘d’islamophobie juive’. Il y a par contre des comportements et des actes antisémites, parmi lesquels certains sont commis (aussi et entre autres) par des musulmans. Et il y a des comportements et des actes islamophobes, parmi lesquels certains sont commis (aussi et entre autres) par des juifs », a-t-il affirmé.
Dans une « lettre d’un musulman aux juifs », en réponse aux signataires du manifeste, l’artiste Khalid Mossayd a estimé qu’aujourd’hui, la France se retrouve dans l’exception du « choc des communautés », indiquant que ce texte a pour « seul objectif » de désigner aux yeux de l’opinion publique « un ennemi commun : le musulman, l’arabe, l’étranger ».
Déplorant dans son blog « l’amateurisme intellectuel » des initiateurs de ce texte, il a expliqué que l’une des raisons principales qui justifie l’opposition entre les juifs et les musulmans, c’est le conflit israëlo-palestinien.
« Critiquer la politique de colonisation d’Israël n’est pas de l’antisémitisme », a-t-il affirmé, appelant à éviter de tomber « dans le piège des politiques, des intellectuels malhonnêtes et des communautés qui emprisonnent ».