Intérêt grandissant des Algériens pour la presse électronique

Intérêt grandissant des Algériens pour la presse électronique

ALGER – Le paysage médiatique algérien a connu ces dernières années une transformation sans précédent avec une prolifération de journaux électroniques, suscitant ainsi un intérêt grandissant d’un lectorat de plus en plus tourné vers ce type de médias dont l’information est diffusée gratuitement et en temps réel.

En effet, depuis le lancement de l’internet haut débit mobile 3G (fin 2013) et très haut débit 4G (en 2016), des dizaines de sites électroniques d’information et des journaux en ligne sans édition papier (ou pure players) sont apparus, dépassant ainsi la barre des 100 sites en Algérie, selon un chiffre annoncé en février dernier par le ministre de la Communication, Djamel Kaouane.


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La multiplication des journaux en ligne a considérablement transformé, de ce fait, le paysage médiatique algérien notamment par la gratuité de l’information en temps réel, concurrençant ainsi la presse traditionnelle et son modèle économique « en perte de vitesse », qui, selon des sources officielles, « plus de 60 titres, sur quelque 300 journaux recensés, ont dû fermer pour des raisons financières depuis l’année 2014 ».

Toutefois et face au foisonnement d’informations plus ou moins crédibles diffusées via les réseaux sociaux et de la presse écrite traditionnelle qui transpose le contenu de ses journaux sur leur site internet, la presse électronique tente de s’imposer progressivement auprès du lectorat comme un véritable média publiant « des informations crédibles et s’attachant scrupuleusement aux faits étayés par des citations sourcées et vérifiées ».

Approché par l’APS, de jeunes étudiants, les yeux rivés sur leurs smartphones au niveau d’un abri bus, confient fréquenter beaucoup les réseaux sociaux à la recherche notamment d’informations mais jugent important de consulter la presse électronique qui à leurs yeux « devient une source d’informations ».

« Je consulte de plus en plus, via mon téléphone portable, les journaux électroniques qui proposent de l’information centrée sur différents thèmes liés à l’actualité nationale et internationale avec des mises à jour régulières, et cela en temps réel », explique pour sa part un adepte des journaux papiers, pour qui la presse en ligne est appelée à remplacer progressivement la presse traditionnelle car diffusant des informations illustrées généralement de photos et vidéos.

D’autres personnes estiment que l’amélioration du débit internet en Algérie a contribué à la floraison de journaux en ligne au détriment des médias traditionnels qui perdent de plus en plus leur hégémonie sur le paysage médiatique du pays, soulignant que grâce au haut débit mobile, le monde de la presse en ligne « devient encore plus accessible et de plus en plus consulté » avec une tendance pour les journaux électroniques qui sont pour eux un média important lorsqu’il s’agit de s’informer en instantané.

Cependant, il reste très difficile de faire la différence entre les journaux en ligne et les blogs, les agrégateurs d’informations, les sites de réflexions et de débats liés à une information à caractère politique, syndical ou associatif, et les sites indépendants publiant des articles de presse alors qu’ils n’ont aucun lien avec le monde journalistique.

Le Code de l’information de 2012, qui consacre 6 articles à la presse électronique, stipule que l’activité de presse écrite en ligne consiste en la production d’un contenu original, d’intérêt général, renouvelé régulièrement, composé d’informations ayant un lien avec l’actualité et ayant fait l’objet d’un traitement à caractère journalistique.

 

Situation « instable » de la presse électronique, les éditeurs s’organisent

 

Le directeur de publication du magazine ITMAG et d’un site d’informations sur les TIC (www.itmag-dz.com), Abderrafik Khenifsa, estime que la presse électronique, apparue vers le début des années 2000, a connu une « dynamique » suite à la promulgation du Code de l’information en 2012, ayant donné lieu à une assise juridique à l’activité de la presse écrite en ligne.

« Si la presse électronique est devenue un outil très convoité par les professionnels de la presse traditionnelle, c’est parce que la création d’un site d’information reste aisée et permet d’éviter les lourdeurs bureaucratiques et les aléas économiques liés à l’impression et la diffusion du journal », explique-t-il, regrettant, toutefois, la situation « instable » des journaux électroniques générée par plusieurs facteurs comme « le manque de reconnaissance professionnelle, une législation non encore appliquée sur le terrain et des conditions de travail difficiles pour les journalistes de ce type de médias, dépendant totalement de la publicité ».


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De son côté, Salim Aggar, responsable du site Dernières informations d’Algérie (www.dia-algerie.com), un journal électronique algérien d’informations générales lancé en 2015, appelle les autorités à « réguler » l’activité et « reconnaitre la presse électronique comme un média à part entière ».

« Pour lancer un journal électronique, il suffit de déposer une simple déclaration au ministère de la Communication. Mais cette déclaration reste purement administrative, puisqu’elle ne permet pas d’obtenir en contrepartie un document officiel prouvant l’existence du site », déplore-t-il. « Concrètement, la presse électronique est reconnue par la loi, mais l’activité n’est pas encore tout à fait réglementée en l’absence des textes d’applications », observe-t-il.

Afin de faire face aux problèmes que connait ce type de presse, plus de 30 éditeurs de médias électroniques rassemblés au sein du syndicat algérien des éditeurs de la presse électronique (SAEPE), en cours de création, ont proposé un « plan » pour engager « la normalisation » de la situation de l’édition de la presse électronique.


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Ces éditeurs veulent appliquer la loi sur l’information de 2012 dans ses dispositions relatives à la liberté d’exercice de l’information en ligne en Algérie, relevant que les médias électroniques et les professionnels de la presse en ligne « demeurent toujours sans statut, en dehors de tout cadre légal ».

Selon ces éditeurs, la lecture de la presse nationale en mode digital est devenue, depuis 2016, date du lancement de la 4G, « le premier moyen utilisé par les Algériens pour s’informer ». Le site Alexa, qui évalue la fréquentation d’un site web, estime que « sur les 12 sites algériens les plus visités à partir de l’Algérie, 6 sont des sites d’information en ligne ».

 

Par Abderrachid BASTA


Source: Intérêt grandissant des Algériens pour la presse électronique

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