Cernée, la capitale ukrainienne tente de résister aux assauts de l’armée russe, mais sans grand succès. Le président Vladimir Poutine affiche, lui, toujours sa détermination de mener ses opérations jusqu’au bout.

L’Ukraine promet une “défense acharnée”, mais loin de pouvoir faire face, dans la réalité, aux assauts de l’armée russe qui cerne désormais la capitale Kiev. Hier, les forces russes ont intensifié leurs bombardements dans plusieurs régions du pays, ciblant une base militaire dans la région de Lviv, située près de la frontière polonaise et jusque-là relativement épargnée. On dénombre, dans cette opération, au moins 9 morts et 57 blessés, selon un premier bilan communiqué par les autorités militaires régionales et le maire de Lviv. La base militaire en question se trouve à une quarantaine de kilomètres au nord-ouest de Lviv, grande ville de l’ouest de l’Ukraine où de nombreuses personnes déplacées ont afflué. Plusieurs pays y ont aussi déplacé leur ambassade, jugeant cette ville plus sûre que Kiev.

L’armée russe continue de pilonner le sud du pays où la ville assiégée de Marioupol espère l’arrivée d’un convoi d’aide humanitaire. Ce convoi est resté plus de cinq heures bloqué à un barrage russe samedi, et l’espoir était qu’il puisse parvenir à Marioupol, hier, en provenance de Zaporojie via Berdiansk, a avancé samedi la vice-Première ministre ukrainienne, Irina Verechtchouk. L’enjeu est crucial pour Marioupol : cette cité portuaire stratégique, située dans le sud-est du pays entre la Crimée et le Donbass, est plongée dans une situation “quasi désespérée”, selon Médecins sans frontières (MSF), manquant de vivres et privée d’eau, de gaz, d’électricité et de communication. Des tentatives d’évacuation de centaines de milliers de civils ont échoué à plusieurs reprises. “Marioupol est toujours encerclée.

Ce qu’ils ne peuvent pas avoir par la guerre, (les soldats russes) veulent l’avoir par la faim et par le désespoir. Moscou reconnaît que la situation ‘dans certaines villes’ a pris des ‘proportions catastrophiques’”, selon les mots du général Mikhaïl Mizintsev, cité samedi par les agences de presse russes. Mais le militaire a accusé les “nationalistes” ukrainiens de miner les zones résidentielles et de détruire des infrastructures, privant les civils de voies d’évacuation et de ressources élémentaires. Toujours au sud, la métropole d’Odessa continue à se préparer à une offensive des troupes russes, qui se concentrent pour l’heure à une centaine de kilomètres à l’est sur la ville de Mykolaïv.

Au moins 579 civils ont été tués

Les bombardements massifs ont notamment touché un centre de cancérologie et un hôpital ophtalmologique, selon des médias internationaux sur place. Les victimes jonchent les rues de certaines villes, et les bilans sont impossibles à vérifier. “Environ 1 300” militaires ukrainiens ont été tués depuis le 24 février, a indiqué samedi le président Volodymyr Zelensky, dans un premier décompte officiel fourni par les autorités ukrainiennes depuis le début de l’invasion. L’armée russe, elle, a perdu “environ 12 000 hommes”, affirme le chef d’État. La Russie, de son côté, a annoncé le 2 mars son seul et unique bilan à ce jour de 498 soldats tués. Au moins 579 civils ont été tués, selon le décompte samedi des Nations unies, qui souligne que ses bilans sont probablement très inférieurs à la réalité. Kiev, dont seules les routes vers le sud restent dégagées, est de plus en plus cernée par les soldats russes, qui ont détruit samedi l’aéroport avoisinant de Vassylkiv, selon les Ukrainiens.

Présentes dans les faubourgs, les troupes russes tentent de neutraliser les localités environnantes pour “bloquer” Kiev, selon l’état-major ukrainien, et la banlieue nord-ouest (Irpin, Boutcha) a été lourdement bombardée ces derniers jours. Le ministère britannique de la Défense estime que les forces russes étaient samedi à 25 km de la capitale et qu’une colonne au nord de la ville s’était dispersée, renforçant l’idée d’une volonté d’encerclement. Elles se heurtent toutefois à la résistance de l’armée ukrainienne, tant à l’ouest qu’à l’est de la capitale, ont constaté des journalistes de l’AFP sur place. La présidence ukrainienne promet une “défense acharnée” de Kiev. Vladimir Poutine affiche lui aussi toujours sa détermination.

Samedi, le président russe a accusé les forces ukrainiennes de “violations flagrantes” du droit humanitaire, lors d’un entretien téléphonique avec les dirigeants français Emmanuel Macron et allemand Olaf Scholz. “Mensonges”, a réagi la présidence française. Et les appels de MM. Macron et Scholz à un “cessez-le-feu immédiat” sont restés lettre morte. Cependant, sur le front diplomatique, une inflexion s’est peut-être fait jour en cette fin de semaine : Volodymyr Zelensky s’est félicité d’une “approche fondamentalement différente” de Moscou dans ses récents pourparlers avec Kiev, notant que la Russie ne se contentait plus de “juste poser des ultimatums”. Interrogé sur des déclarations faites vendredi par Vladimir Poutine évoquant des “avancées” dans les pourparlers russo-ukrainiens, M. Zelensky s’est dit “content d’avoir un signal de la Russie”, lors d’une conférence de presse à Kiev. 


Source: Kiev sur le point de tomber ?

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