LISBONNE – La question du Sahara occidental occupé et ses similitudes avec le Timor-oriental a été au centre d’une conférence internationale tenue récemment dans la capitale portugaise, Lisbonne, où les participants ont mis l’accent sur la persévérance et la solidarité internationale pour arracher l’indépendance.
Ouvrant cette conférence organisée lundi et mardi dernier au siège du Parlement portugais par la plateforme des juristes pour « Timor-Leste » à l’occasion de sa 25eme année d’existence, le vice-président du parlement portugais, Jorge Lacao, a rappelé son soutien au droit à l’autodétermination des peuples du Sahara occidental et de Palestine.
Intervenant à la clôture des débats de la première journée, l’ex-président de Timor Xanana Xusmao a également réaffirmé « le soutien total de son pays à la lutte du peuple sahraoui pour son indépendance », appelant le peuple sahraoui à la résistance. « seule la résistance intérieure peut faire la différence. Comptez avant tout sur la résistance intérieure », a- dit M. Xusmao.
Au cours de son intervention consacrée à la géopolitique et l’ordre légal, José Manuel Pureza, vice-président du parlement portugais, s’est, pour sa part, référé à plusieurs reprises à la question du Sahara occidental. Il a rappelé que « la persévérance et la détermination ajoutées à la légalité de la cause finissent toujours par faire la différence. Aujourd’hui Timor est un pays indépendant comme demain le Sahara occidental et la Palestine jouiront de leur droit légitime à l’autodétermination », a-t-il souligné.
« Le temps est en faveur du peuple du Sahara occidental. Notre rôle, le rôle de la solidarité internationale est de briser le silence que veulent imposer les occupants et donner encore plus de visibilité à la cause du peuple sahraoui comme nous avons fait pour le Timor » qui a accédé à l’indépendance après le référendum supervisé par les Nations Unies en 1999, a-t-il soutenu .Quant au Professeur Lauri Hannikainen de l’Université de Helsinki, il a intervenu sur le thème relatif aux « graves violations du droit international », prenant comme exemple les cas du Sahara occidental, Timor et de la Palestine.
« Certainement, dit-il, le Maroc et Israël feront tout pour maintenir l’occupation des territoires qu’ils contrôlent au Sahara occidental et en Palestine, mais les avancées ces dernières années au niveau international mettent en difficulté cet état des faits ».
« Pour la Sahara occidental, la dernière décision de la Cour européenne de Justice qui statue que les accords entre l’Union Européenne (UE) et le Maroc ne doivent pas inclure le Sahara occidental est une bonne nouvelle. Cela veut dire que l’Europe doit mettre un terme à son soutien au Maroc. Cela crée l’espoir que l’Europe va soutenir les droits légitimes du peuple sahraoui », a-t-il ajouté.
De Même, le président de l’observateur des ressources naturelles du Sahara occidental, Erik Hagen, a évoqué le pillage des ressources naturelles sahraouies, soulignant en particulier « la responsabilité de l’Europe ». Il a regretté dans ce contexte le fait que certaines sociétés portugaises importent des tomates, du poisson et surtout du sable pour les plages de l’ile de Madeira.
Kathlyn Thomas, ancienne chargée des affaires légales à la MINURSO et membre du Conseil des affaires internationales de l’Association des juristes « Bar Association » de New York a, quant-à-elle, souligné des aspects légaux et des ramifications politiques du conflit. Elle a rappelé « les entraves érigés par le Maroc au processus d’identification dans le but de bloquer le processus référendaire et retarder la décolonisation du Sahara occidental ».
Rôle de l’UE, blocages marocains et détermination sahraouie
Les Professeurs Clive Symmons de « Trinity College » de Dublin en Irlande, Manfred Hinz de l’Université de Bremen en Allemagne et Rui Moura Ramos de l’Université de Coimbra au Portugal ont traité de la position de l’Europe et le besoin de l’implication de l’UE pour contribuer à une solution conforme au droit international à la question du Sahara occidental.
Ils ont à cet égard demandé aux pays membres de l’UE de respecter la décision de la Cour de Justice Européenne du 21 décembre relative au Sahara occidental qui stipule l’exclusion de ce territoire du champ d’application de tout accord entre l’UE et le Maroc. « Le consentement du peuple du Sahara occidental à travers son représentant le Front Polisario est fondamental et incontournable » ont martelé les deux orateurs.
De son côté, Mhamed Khadad, coordinateur avec la MINURSO (Mission des Nations-Unies pour l’organisation du référendum au Sahara Occidental) a mis en relief « le blocage marocain, les 25 années écoulées, de toutes les initiatives onusiennes » tout en précisant aussi « la démission du Conseil de sécurité de ses responsabilités manquant de fermeté face à l’intransigeance de Rabat ».
« Malgré l’échec des Nations Unies à tenir leurs engagements, le peuple sahraoui reste confiant dans le triomphe de sa cause comme ce fut hier le cas pour le peuple de Timor. Grace aux efforts de notre peuple et de ceux de nos amis à travers le monde nous imposerons inéluctablement le respect des droits inaliénables de notre peuple à l’autodétermination et à l’indépendance », a-t-il dit.
Au terme des travaux, la conférence a adressé une lettre au Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, lui rappelant les similitudes entre le Sahara occidental et Timor-Leste, l’exhortant à s’investir personnellement pour le triomphe de la justice et de la légalité au Timor.
Les participants ont également appelé le Secrétaire général de l’ONU à « tout faire pour mettre un terme à l’injustice imposée, depuis plus de quatre décennies, au peuple sahraoui ce qui implique le respect et l’application des résolutions de l’ONU qui soutiennent le droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination ».