la volte face de l’Etat aura-t’elle lieu : lorsque l’Algérie était solvable

Algérie solvable

Comme le hasard fait l’histoire, s’il est permis de paraphraser Belaïd Abdeslam, il est pour le moins curieux que notre pays se voit inviter par Gérard Larcher à revoir sa partition, s’agissant de la règle du 49/51%.

Dans son précédent éditorial, L’Expression n’avait pas manqué de souligner que certains courants ne sont pas loin de penser, lorsqu’ils ne proposent pas, que la sortie de la crise financière passe irréversiblement par une entente régionale comme facteur de stabilisation.

Comme le hasard fait l’histoire, s’il est permis de paraphraser Belaïd Abdeslam, il est pour le moins curieux que notre pays se voit inviter par Gérard Larcher à revoir sa partition, s’agissant de la règle du 49/51%.

Pour le président du Sénat français, cette volte-face tant souhaitée de l’Etat algérien permettrait sans aucun doute possible de booster l’investissement étranger en Algérie. Pourtant, contrairement aux Américains, les entreprises de ce pays de l’Hexagone s’étaient fort bien accommodées de cette même règle.

A un moment bien sûr où l’Algérie était bien assise économiquement et devenait subrepticement solvable et fréquentable. Il est vrai que la donne a changé aujourd’hui à l’instigation de la crise financière, ce qui semble une aubaine pour ceux qui veulent nous assujettir et certains patrons du terroir enclins plus que jamais à ressusciter la bourgeoisie compradore. Cette même classe qui s’est grassement enrichie par l’import-import et la corruption générée par la passation des marchés publics.

Une classe qui, tel un paravent merveilleux, fait illusion pour mieux empêcher l’émergence de capitalistes nationaux en complète rupture avec l’idéologie semi-féodale, capables surtout de relever le défi de la sortie de crise sur des bases nationalistes et progressistes.

L’auteur Messaoud Benyoucef, que le chemin de l’exil a malheureusement éloigné de son pays, a raison de soutenir que l’Algérie a besoin d’une réforme intellectuelle et morale. Pour cet universitaire, c’est même une condition sine qua non, voire vitale pour l’Algérie, l’unité nationale et son peuple.

De son point de vue, il arrivera toujours le moment où les choses se décantent et où se produit le dévoilement, «cet instant idoine où la vérité de la graine éclate dans la fleur, où les masques tombent, où les intérêts bornés et égoïstes délogent les prétentions universalisantes et morales» où «le négociant à tête de lard succède à César», comme dit Marx.

À cet instant tombent également les illusions et les mythes; à cet instant s’évanouit le fantasme de l’unité nationale.» C’est pour cette raison que le pouvoir en place ne semble point disposé à procéder à cette réforme qui, comme celle de l’école, semble faire peur.

Il se trouvera toujours des clercs pour soutenir qu’ «une remise en cause de cette dimension est à même de porter atteinte à notre passé et à battre en brèche les legs ancestraux. Dans une intéressante contribution publiée durant les années 1970 par Révolution africaine, alors hebdomadaire du FLN, Abdelmadjid Meziane soutenait non sans pertinence que nos sociétés n’ont nullement intérêt à se laisser prendre par de trop fréquents pèlerinages aux sources: «Les cultures qui s’épuisent à creuser le passé, les idéologies qui se construisent artificiellement sur les bases mentales des générations ancestrales ne pourront qu’appauvrir la personnalité présente (…).

Qu’on ait envie de s’arrêter pour choisir, qu’on ne veuille pas sacrifier les bons vieux matériaux pour la reconstruction des personnalités nationales, voilà qui paraît bien légitime. Mais que l’on n’ait d’admiration que pour l’héritage ancestral, et voilà que l’on sombre dans la paralysie mentale.»

Continuant sur sa lancée, il soutiendra que la pluralité des cultures dans les sociétés contemporaines n’est plus considérée comme un effritement de la personnalité nationale: «Un nivellement culturel qui tendrait à nous imposer par les moyens d’information, par l’école, par le contrôle et la mobilisation des cerveaux, un système culturel particulièrement unifié, parfaitement cohérent, est considéré comme une utopie (…).»

En d’autres termes, une société ne peut accéder à un niveau supérieur de civilisation que si elle devient assimilatrice, c’est-à-dire que sa personnalité de base, au lieu de s’enfermer dans ses positions de résistance, doit affronter les influences étrangères et savoir les adapter à son propre mode d’existence.

D’aucuns, fait remarquer l’universitaire, considéraient cependant cette ouverture sur l’universalité comme un signe de dépersonnalisation: «Ce sont les défenseurs de l’orthodoxie. Résister idéologiquement sans accepter ni confrontation ni échange, c’est accepter de réduire de plus en plus sa personnalité et risquer par là-même de la faire disparaître un jour.»

L’unification des rangs tant souhaitée par Abdelaziz Bouteflika doit nécessairement passer par la remise en cause de la catéchisation et la mise au pas de ces commis de l’idéologie dominante qui réduisent les esprits vigoureux au silence dans le but de conforter cette bourgeoisie compradore connue pour ses liaisons étroites avec les intérêts des forces hégémoniques internationales.

La sortie de crise est à ce seul prix. Elle ne peut se faire que par la volonté et la mobilisation de toutes les forces vives du pays où les travailleurs, les paysans, l’élite nationale, l’armée, et les représentants du capitalisme national seront appelés à jouer un rôle déterminant pour le développement harmonieux du pays sur des bases nationales et progressistes.

Source: LA VOLTE-FACE DE L’ETAT AURA-T-ELLE LIEU? : Lorsque l’Algérie était solvable

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