Les questions de paix, de sécurité et de stabilité en Afrique évoquées à Alger

Les questions de paix, de sécurité et de stabilité en Afrique évoquées à Alger

ALGER –  Le Commissaire à la paix et à la sécurité de l’Union africaine, Smaïl Chergui, a exposé mercredi à Alger plusieurs axes relatifs à la paix, à la sécurité et à la stabilité en Afrique, notamment la situation au Mali, en Libye, au Sahara Occidental, les réseaux terroristes et le retour de leurs éléments armés en Afrique, mettant en exergue le rôle du mécanisme africain de coopération policière (AFRIPOL) dans le contrôle de la sécurité dans le continent.

Lors d’une conférence animée au Conseil de la nation en présence de Abdelkader Bensalah, président du conseil, de personnalités politiques, de spécialistes, professeurs et chercheurs dans le domaine politique, M. Chergui a estimé qu’il était important de traiter les questions inhérentes à la stabilité et à la sécurité sur le continent africain, à l’instar de la  République du Mali, où la situation risquait de dégénérer, n’étaient-ce les efforts considérables de l’Algérie couronnés par l’accord de paix et de réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, lequel a permis à ce pays de renouer avec la paix et d’avancer à pas sûrs vers l’avenir.

« Nous espérons déployer une force africaine au Mali, car l’Union africaine a la possibilité d’imposer la paix à travers une force africaine qui sera déployée dans les zones en conflit », a soutenu le commissaire à la paix et à la sécurité de l’UA.

 

La Libye et le Sahara Occidental en tête des préoccupations du Conseil de paix et de sécurité de l’UA

 

S’agissant de la situation en Libye, le responsable a fait savoir que ce pays faisait face à une situation grave en raison de la présence de 60 millions d’armes dans le pays sans compter d’autres armements sophistiquées transportés illégalement vers le Nord-Mali et les pays du Sahel, mettant en garde contre « ces réseaux terroristes qui peuvent devenir plus fort que les armées de certains pays africains ».

Le responsable a dénoncé l’ingérence étrangère dans les affaires de la Libye, estimant que le « le problème de la Libye est un problème africain qui en appelle à des actions africaines visant à aider les frères libyens à trouver, par eux-mêmes, une solution à leur problème et à permettre à la Libye de recouvrer sa place parmi les nations ». M. Chergui a mis en garde contre les « tentatives de certains pays à servir leurs propres intérêts au détriment de la Libye ».

Il a annoncé à cette occasion une visite prochaine d’une délégation ministérielle africaine en Libye durant la troisième semaine de mai en cours pour examiner les retombées de cette situation et trouver les solutions urgentes à la crise.

Par ailleurs, le diplomate algérien a évoqué la question sahraouie, un des plus importants points inscrits à l’ordre du jour du Conseil de paix et de sécurité de l’UA, exprimant le souhait que « l’adhésion du Maroc à l’organisation africaine, aux côtés de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), puisse aller dans le sens d’une solution immédiate au conflit du Sahara Occidental qui perdure au détriment du peuple sahraoui ».

Il a proposé dans ce sens la « relance d’une commission présidentielle commune pour trouver une solution à cette question ».

M. Chergui a estimé que l’adhésion du Maroc à l’UA n’était pas encore effective, exprimant le souhait qu’il puisse « influer positivement » sur le dénouement du conflit sahraoui.

Pour ce qui est de la politique de la France vis-à-vis de la cause sahraouie après l’accès d’Emmanuel Macron au pouvoir, le Commissaire à la paix et à la sécurité de l’UA considère qu’il est encore tôt pour évoquer cette question, néanmoins, a-t-il ajouté, « les pays membres du Conseil de paix et de sécurité doivent faire preuve de responsabilité et œuvrer au règlement de la question sahraouie ».

 

AFRIPOL… pour le renforcement des capacités de l’UA dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé

 

Le commissaire à la paix et la sécurité de l’UA a estimé qu’AFRIPOL, mécanisme adopté à Addis-Abeba par les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UA, était à même de servir « la paix et de la sécurité dans le Continent à la lumière des défis auxquels il fait face ».

« En tant qu’Union africaine, nous devons mobiliser nos armés et polices pour intervenir, en évitant toutefois d’atténuer les crises », a-t-il soutenu, ajoutant que « nous avons adopté une feuille de route pour faire face au terrorisme et au crime organisé ».

Dans le même contexte, M. Chergui a affirmé qu’AFRIPOL « renforcera les capacités de l’Union africaine » pour faire face à la criminalité dont la cybercriminalité, le trafic de drogue et la traite d’humains, ajoutant que ce mécanisme présidé par l’Algérie créera un réseau de communication entre l’ensemble des pays africains en vue d’échanger les informations et de coopérer pour éradiquer la criminalité sous toutes ses formes.

Il a estimé également que la présence en Algérie des chefs de police des pays africains à l’occasion de l’assemblée générale d’AFRIPOL avait permis de dynamiser la coopération dans ce domaine.

En ce qui concerne des organisations terroristes, M. Chergui a mis l’accent sur « impératif de lutter sans relâche contre le terrorisme », relevant dans le même sillage que « les réseaux terroristes comme El Qaïda et Daech ne sont pas un produit de l’Afrique ».

Il a mis en garde contre le déplacement des terroristes en provenance de Syrie et d’Irak vers l’Afrique, dont certains se sont déplacés via le Yémen et se sont établis en Somalie, affirmant que la question était « en cours d’examen par le Conseil de paix et de sécurité de l’UA ».

A cette occasion, M. Chergui a souligné que le Conseil pour la paix et la sécurité africain œuvrait en coordination avec le Conseil de sécurité onusien au règlement de plusieurs questions intéressant le continent, à l’instar « des eaux du Nil, de la relation entre les pays de l’Afrique de l’est, la situation au Soudan-sud, au Nigeria et en Somalie », mettant en  avant « l’impératif d’édifier des institutions fortes dans les pays africains pour freiner tout impact de crise ».

Concernant l’efficacité dans la prise de décision, M. Chergui a souligné que « la prise en charge par l’UA des frais relatifs au règlement des crises limitera l’intervention étrangère ».

Le Commissaire à la paix et à la sécurité de l’UA a salué « le rôle prépondérant » de l’Algérie, ses efforts et sa contribution en faveur du rétablissement de la stabilité et de la sécurité en Afrique, mettant en avant également l’efficacité de la diplomatie algérienne dans le règlement des crises qui secouent certains pays africains à l’instar de la Libye et du Mali.

Il a rappelé en outre la « décision historique » prise lors du sommet de l’ex-Organisation de l’unité africaine (OUA) tenu en 1999 à Alger sous la présidence « éclairée » du président de la République, Abdelaziz Bouteflika pour « contrer les coups d’Etat et les tentatives de prise de pouvoir par la force », ajoutant que cette décision avait « contribué à la stabilité du continent africain ».


Source: Les questions de paix, de sécurité et de stabilité en Afrique évoquées à Alger

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