ALGER, 18 juil 2018 (APS)- La Révolution algérienne (1954-1962) a été une source d »‘inspiration majeure » pour Nelson Mandela dans le sens où les Moudjahidine algériens « affrontaient une importante communauté de colons blancs qui régnait sur la majorité indigène », écrit dans ses mémoires l’ancien président sud-africain, Nelson Mandela, figure emblématique de la lutte contre l’apartheid et de défense des droits humains.
Dans ses mémoires intitulées « Le long chemin vers la liberté », le défunt Mandela dont l’Afrique du Sud célèbre cette année le centième anniversaire de sa naissance, soutenait que la Révolution algérienne a représenté une « inspiration particulière » pour lui, dans le sens où cette Révolution a constitué « le modèle le plus proche du nôtre, parce que les Moudjahidine algériens affrontaient une importante communauté de colons blancs qui régnait sur la majorité indigène ».
A travers ces mémoires, le lecteur découvre que lors de sa visite au Maroc en 1961, Nelson Mandela « passa plusieurs jours avec le représentant du Gouvernement provisoire de la Révolution Algérienne, GPRA, le docteur Chawki Mostefai, qui l’a initié aux différentes étapes de la Révolution algérienne ». Il sera ensuite convié à Oujda (Maroc) où il a rendu visite à une unité combattante de l’Armée de libération nationale (ALN) sur le front.
« A un moment, j’ai pris une paire de jumelles et j’ai vu des soldats français de l’autre coté de la frontière. J’avoue que j’ai pensé voir des uniformes des forces de défense sud-africaines », se souvenait-il.
Deux jours plus tard, le jeune Mandela a été invité à assister à un défilé militaire en l’honneur de l’ancien président Ahmed Benbella, à sa libération de prison.
« En tête du cortège défilaient des vétérans fiers et aguerris portant « des armes qu’ils avaient utilisées au début de l’insurrection: des sabres, de vieux fusils à pierre, des haches et des lances. Ils étaient suivis de « soldats plus jeunes et tout aussi fiers » dotés d’armes modernes. C’était une armée de guérilla composée de combattants qui ont gagné leur galons dans le feu des batailles et qui s’intéressaient plus à la guerre et à la tactique qu’aux uniformes et aux défilés », notait-il. « Je savais que nos propres forces ressembleraient plus aux soldats de Oujda et j’espérais seulement qu’ils combattraient aussi vaillamment. A l’arrière, il y avait une fanfare militaire assez désordonnée, dirigée par un Homme qui s’appelait Sudani (Souidani Boudjemaa, ndr). Il était grand, bien bâti et sûr de lui. Il était aussi noir que la nuit. Il lançait une canne de tambour-major et quand nous l’avons vu (la délégation sud-africaine), tout notre groupe s’est levé et a applaudi. »
« J’ai vu que les autres autour de moi nous regardaient et je me suis rendu compte que nous ne l’applaudissions que parce qu’il était noir. A nouveau, le pouvoir du nationalisme et de l’ethnicité m’a frappé. Nous avions réagi immédiatement, car nous avions l’impression de voir un frère africain. Plus tard, nos hôtes algériens nous ont expliqué que Souidani était un soldat légendaire et on disait même qu’il avait capturé seul toute une unité de l’armée française. Mais nous l’avons applaudi à cause de sa couleur et non de ses exploits. »
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Le Dr Mostefai « nous a conseillés de ne pas négliger le coté politique de la guerre tout en organisant les forces militaires. L’opinion internationale valant parfois plus qu’une escadrille d’avions de combat à réaction », écrit encore Madiba dans ses mémoires, soulignant que le soutien de l’ALN s’était, entre autres, traduit par l’intégration de nombreux combattants de l’ANC dans les camps d’entrainement aux côtés des Moudjahidine de l’ALN, feu Mandela rapportait qu’à partir de 1965, plusieurs militants de l’ANC venaient secrètement en Algérie pour recevoir un entrainement militaire et rentraient en Afrique du sud pour y mener des opérations militaires.
Il témoignait également que dans l’objectif de donner plus d’écho au combat contre l’apartheid à partir de l’Algérie, l’ANC « ouvrit un bureau d’informations qui a vu le passage, à sa tête, de grandes personnalités du mouvement », ajoutant que tous les dirigeants de l’ANC fréquentaient Alger ». Le soutien de l’Algérie s’était également exprimé, au moment de sa présidence de l’Assemblée générale de l’ONU en 1974, par le geste historique qui a consisté à expulser de la salle le représentant du régime de l’apartheid.
A sa libération, le 11 février 1990, après 27 années d’incarcération, Nelson Mandela avait tenu à se rendre à Alger en reconnaissance au soutien apporté par l’Algérie à la lutte du peuple sud-africain contre l’apartheid.