PARIS- Le député et mathématicien français Cedric Villani a indiqué que le président Emmanuel Macron lui a fait part de son « intime conviction » que Maurice Audin, qui activait pour l’indépendance de l’Algérie, a été « effectivement assassiné par l’armée française ».
« Oui, j’ai eu l’occasion de m’en entretenir directement avec le président Macron (…) Il m’a fait part de son intime conviction que, effectivement, Maurice Audin a été assassiné par l’armée française », a déclaré dans une interview à L’Humanité ce mathématicien proche de la famille Audin qui a eu l’occasion d’honorer publiquement la mémoire du défunt assassiné en juin 1957 et dont son corps n’a jamais été retrouvé.
Il m’a annoncé que le grand travail d’ouverture des archives, initié par François Hollande, allait se poursuivre. Il m’a aussi dit qu’à ce jour, aucune archive ne venait apporter un éclairage décisif sur le sort de Maurice Audin (et) qu’il appartient aux historiens de reconstruire les événements et que l’Etat ne cherche plus à imposer sa version », a-t-il ajouté.
Ce spécialiste de l’analyse mathématique, député du mouvement La République en marche (LRM) depuis juin dernier, indiqué que le président Macron « travaille sur ce sujet », exprimant sa conviction que « des annonces viendront en temps utile ».
« Au-delà du sort tragique de Maurice Audin, au-delà des circonstances particulières de son exécution, ce qui importe, pour moi et pour bien d’autres, c’est que l’Etat reconnaisse et condamne officiellement l’attitude et le plan de l’armée française de l’époque, faisant disparaître des citoyens par centaines », a expliqué cet ancien directeur de l’institut Henri-Poincaré âgé de 44 ans.
Pour lui, il ne s’agit pas, dans la reconnaissance officielle, « de blâmer quelqu’un en particulier, mais de travailler à la cicatrisation des plaies qui sont encore ouvertes dans notre mémoire collective ».
« (…) j’insiste sur le fait que ces mesures de mémoires auront bien plus de sens si elles sont accompagnées par de mesures tournées vers le futur, par exemple en matière de coopération », a-t-il conclu.
En mai dernier, un collectif d’intellectuels, d’historiens, de journalistes, d’anciens appelés de contingent et de membres du mouvement associatif avaient réclamé que la vérité sur l’assassinat de Maurice Audin « doit enfin être connue », refusant de croire à la thèse officielle de l’évasion.
« Nous pensons qu’à l’occasion de ce triste soixantième anniversaire, la vérité historique relative à cet assassinat doit enfin être connue. Le 5 mai, devant la rédaction de Mediapart, vous avez déclaré : +De fait, je prendrai des actes forts sur cette période de notre histoire + », avaient rappelé, dans une lettre ouverte au nouveau président français, Emmanuel Macron, les signataires, dont parmi eux les historiens Gilles Manceron, Benjamin Stora, Alain Ruscio et Raphaëlle Branche.
« Nous pensons donc qu’à cette occasion, en recevant Josette Audin ou en vous exprimant lors des commémorations qui auront lieu à cette occasion, vous pourriez ainsi concrétiser cet engagement », avaient-ils ajouté.