ALGER-Le statut de la langue amazighe, rehaussée au rang de langue nationale et officielle à la faveur de la constitution amendée en 2016, a enregistré des acquis qui restent à consolider par une loi organique prévoyant la création d’une académie, un outil nécessaire pour sa promotion et son développement.
Depuis la création du Haut Commissariat à l’Amazighité (HCA), le 27 mai 1995, l’enseignement de cette langue, désormais deuxième langue officielle, a connu des avancées indéniables.
Sur le plan pédagogique, le premier levier par excellence de sa promotion, le Tamazight a franchi des étapes telles que les programmes de formation des enseignants et les outils pédagogiques de son enseignement ne constituent plus des soucis dans le processus de son apprentissage.
Le nombre d’élèves qui étudient la langue amazighe a atteint durant l’année 2017-2018, près de 350.000 élèves au niveau de 38 wilayas du pays encadrés par 2 757 enseignants.
L’enseignement de Tamazight est passé de 11 wilayas en 2014 à 38 wilayas durant l’année scolaire 2017-2018, et a touché 343.725 élèves contre 252.155 élèves inscrits durant l’année scolaire 2014-2015, selon les affirmations de la ministre de l’Education, Nouria Benghabrit.
Ainsi, depuis 2002, l’enseignement de cette langue a connu une hausse passant de 13.426 élèves du cycle de l’enseignement secondaire général et technique à 68.436 élèves durant l’année scolaire 2017-2018. Pour ce qui est du nombre d’enseignants, selon le ministère de l’Education, il a tout simplement doublé durant l’année en cours, passant à 2.757 enseignants contre 1.902 durant l’année 2015-2016.
Lire aussi: L’Etat ne reculera pas sur la promotion de Tamazight
Face à cette progression en matière de formation des enseignants, le HCA, par la voix de son secrétaire général, Assad Si El Hachemi, avance un autre chiffre relatif aux apprenants, toutes catégories confondues, qui est de près de 600.000 à travers le territoire national.
En parallèle, le Tamazight est devenu visible dans les médias. En plus du fait qu’il est présent dans les médias lourds, comme la Radio et la télévision nationale, il est pris en charge, selon des tranches horaires déterminées, par les télévisions privées et par les radios locales.
La langue amazighe connaît, également, un essor dans la sphère médiatique, grâce aux efforts de l’Agence de presse algérienne (APS). En plus de la création d’un site en Tamazight dans les trois graphies (Arabe, Latin et Tifinagh), l’APS est entrain de participer concrètement à doter cette langue d’un langage médiatique intelligible pour les locuteurs en Tamazight dans ses différentes variantes.
Capitalisant près de deux décennies de promotion, le Tamazight est désormais présent dans la sphère éditoriale. il est notamment présent par sa production littéraire et artistique dans pratiquement l’ensemble des festivals et forums dédiés aux différents champs de production de la culture nationale.
– Standardisation et normalisation du Tamazight, l’autre défi à relever-
La généralisation graduelle du Tamazight dans le système éducatif, en lui conférant un caractère obligatoire, demeure tributaire de la normalisation de cette langue, longtemps confinée dans l’oralité.
Les nombreux spécialistes, ayant fait des recherches dans le champ linguistique amazigh, sont unanimes à considérer que cette langue est en phase de traverser une étape transitoire.
C’est ainsi qu’un plaidoyer fut émis pour le maintien de l’usage des trois graphies (Arabe, Latin et Tifinagh ), comme une exigence de l’étape historique que traverse cette langue dans sa transformation en langue écrite.
Pour le professeur de linguistique et traductologie, Abderrezak Dourari, actuellement directeur du Centre national pédagogique et linguistique de l’enseignement de Tamazight (CNPLET), il est impératif de maintenir, à l’état actuel, l’option de la polygraphie, prônée aussi par le HCA.
« Il est important que chaque région opte pour l’alphabet et le genre linguistique qu’elle souhaite étudier », avait-il affirmé lors d’un forum de presse.
En préconisant une démarche qui s’éloigne de l’approche unificatrice de la langue, le Professeur Dourari est formel quant à la capacité de la future Académie Amazighe qui, en tenant compte de la diversité linguistique et culturelle algérienne, participera à dépasser l’écueil de la standardisation et normalisation du Tamazight.
Il est, aujourd’hui, admis que les récentes avancées politiques et constitutionnelles sont indéniablement des acquis majeurs, faisant que Tamazight est perçu comme un élément fondamental dans la cohésion national.
Ainsi, son officialisation instaure de nouvelles conditions favorables à sa prise en charge et à son développement dans toutes les sphères de la société.